La première peinture, intitulée “à travers la fenêtre” a été un travail fondamental dans le changement de ma façon de peindre. Lors de la réalisation de cette toile, je n’ai pas su m’arrêter, j’avais du mal à trouver une cohérence qui me correspondait dans la structuration de cet espace et pour tenter de “rattraper” cette incohérence, je n’ai cessé de rajouter des éléments et de jouer avec les textures comme vous pouvez l’apercevoir sur la partie inférieure de la toile.

Après ce travail qui, à un moment donné m’a exaspéré, j’ai décidé de créer un espace, comblé, mais dans lequel chaque élément avait sa place, utilisant ainsi moins de motifs mais en leur accordant une importance plus généreuse. De cette réflexion est née “fleurs de lys dans mon salon”. Il s’agit, sur cette deuxième peinture sur fond cobalt, de tenter également un jeu sur la perspective mais aussi les proportions afin de créer un espace dont la cohérence et le confort se retrouvent dans l’instabilité de la taille des objets. Le motif du damier, ici présent, me suit maintenant dans la majorité de mes travaux, tiré essentiellement d’une de mes influences majeures qui est John Bratby, peintre anglais qui a développé le mouvement Kitchen Sink (évier de cuisine) rappelant la mise en lumière de la banalité des choses et des lieux du quotidien tels que les vases, les fauteuils ou bien les bibliothèques.

Après un séjour à Florence durant lequel j’ai pu observer une multitude d’oeuvres exceptionnelles, j’ai commencé à intégrer dans mes peintures une vue de cette ville si magnifique, avec le Duomo, qui se reflète dans les fenêtres en forme d’arches. Cette première représentation de la ville de Florence à travers une fenêtre se situe sur le premier monochrome de bleu sur jaune réalisé à la suite de  “fleurs de lys dans mon salon”. Cette peinture, qui est la première d’une série d’oeuvres, s’intitule “bleu sur jaune N°1”. Cette série s’inspire essentiellement des scènes de danse de Fred Astaire et Ginger Rogers, les décors des années 20 à Vienne du film “Top Hat” et les éléments architecturaux qui l’accompagnent. J’ai vu tous les films de ces deux acteurs avec mon grand père. Lorsque j’était petite je voulait être Ginger Rogers, porter ses robes et danser comme elle. Le mélange entre ces décors du XXème siècle et mon choix pictural des jeux de perspective et proportions, toujours en intégrant des motifs floraux inspirés de William Morris m’ont amené à faire une deuxième peinture avec le même jaune en arrière plan, intitulé “bleu sur jaune N°2” .

L’architecture des modernes, tels que Alvar Aalto ou bien Mies Van Der Rohe nourrissent ma réflexion dans la constitution de mes espaces. Leur architecture innovante et renouvelée permet une expérimentation qui m’inspire et me pousse à développer ces jeux d’espaces dans lesquels le spectateur peut se perdre.

Le motif floral ainsi que la présence de fleurs qui se trouvent dans chacune de mes peintures sont au même titre des éléments qui structurent l’espace. Il s’agit pour moi de redonner vie à la nature à travers la peinture ainsi que suivre la composition classique de fleurs en nombre impair. Le langage des fleurs de l’époque victorienne m’a été enseigné par ma grand mère,  j’associe ainsi  chaque fleur à un symbole ou bien à quelqu’un. Peut-être s’agit-il de garder près de moi les personnes avec qui je relie ces fleurs ? Les iris, omniprésents, depuis peu, dans mon travail me rappellent ma grand mère, c’était ses fleurs préférées car elles ont très peu d’odeur. Les fleurs de lys blanches rappellent mon amoureux et les marguerites ma mère. Toutes ces fleurs, qui deviennent parfois motifs, rappelant l’influence de William Morris qui me suit depuis mon enfance. Je m’inspire aussi du travail de Redouté, botaniste et peintre, ainsi que bien évidemment des travaux de William Morris et ses confrères pré-raphaélites.

Paul Cézanne, Claude Monet ou bien Kees Van Dongen apportent de la couleur à ma réflexion même si leurs travaux sont réalisés à l’huile et les miens à l’acrylique.

En conclusion, je perçois mon travail comme un mélange de structuration d’espaces, d’architecture trompe-l’oeil et de fleurs, de plantes et de vivacité. La peinture et la couleur sont des moyens d’expression qui me permettent de m’échapper des malheurs quotidiens que nous pouvons rencontrer et je vous souhaite de trouver comme pour moi un réconfort dans ces espaces.